Depuis que je n’ai plus la télé, chez moi, je me suis réconcilié avec la lecture. Je réalise même que, sans cet outil d’information, le temps me manque, malgré tout, pour passer au travers de mes lectures. Mardi soir, je ne sais trop pour quelle raison, je suis tombé sur un livre que je laisse toujours sur ma table de chevet, le Petit Prince. Je me suis arrêté sur ce passage que je trouve parmi les plus beaux du livre :
Lorsqu’il aborda la planète il salua respectueusement l’allumeur:
– Bonjour. Pourquoi viens-tu d’éteindre ton réverbère ?
– C’est la consigne, répondit l’allumeur. Bonjour.
– Qu’est-ce que la consigne ?
– C’est d’éteindre mon réverbère. Bonsoir.
Et il le ralluma.
– Mais pourquoi viens-tu de le rallumer ?
– C’est la consigne, répondit l’allumeur.
– Je ne comprends pas, dit le petit prince.
– Il n’y a rien à comprendre, dit l’allumeur. La consigne c’est la consigne. Bonjour.
Et ce passage du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry m’a inspiré l’idée du reportage photographique d’aujourd’hui. Je vous le livre simplement. En vous précisant tout le plaisir que j’ai eu à rechercher, sur ma route, les plus beaux réverbères de ma ville. J’avais également en réserve les beaux réverbères de mon excursion de dimanche dernier en compagnie d’Éva et de Jean.

Le petit prince le regarda et il aima cet allumeur qui était tellement fidèle à la consigne. Il se souvint des couchers de soleil que lui-même allait autrefois chercher, en tirant sa chaise

Le temps nous manque nous aussi pour lever les yeux. « La planète d'année en année a tourné de plus en plus vite, et la consigne n'a pas changé ! »

Nous ne pouvons voir la lune et les étoiles, tant qu'il nous plaît de demeurer dans l'effluve lumineux des réverbères et des réclames de whisky (Aldous Huxley)
Pierre,
Excellent sujet pour la photo et pour la réflexion. Merci Pierre. Cela me donne des idées.
J’ai recherché les deux plus belles citations ou les plus amusantes.
De John Osborne qui devait avoir quelques problèmes avec ses critiques:
« Demander à un écrivain ce qu’il pense des critiques, c’est demander à un réverbère ce qu’il pense des chiens. »
Une qui m’a fait pensé à Magritte « Dans la nuit, un homme cherchait sa pipe au pied d’un réverbère. Un passant lui demande: – «Vous avez perdu votre pipe au pied de ce réverbère?» – «Non! Mais il n’y a que là que je pourrais la voir si elle y était.»
J’en ajouterai une de mon cru:
« Si le miroir est le départ nos comparaisons et de nos réflexions, le réverbère, dans la pénombre, en donne l’espoir d’une raison d’être »
L’enfoiré
J’aime bien votre citation en propre. En effet, dans la froidure, un réverbère est comme un petit oasis qui nous permet de refaire le point et de nous remettre en marche. L’espoir d’une raison d’être, donc.
Pierre R.
La photo est quelque part une réverbération.
L’une des vôtres montre des cousins du Vélib’ parisien : mais les loupiotes vertes qui identifient ces deux-roues sont aussi comme des mini-réverbères de nuit.
Dominique
Je retrouve l’oeil de l’excellent photographe. Merci de votre visite et heureux de revoir votre blogue, le Chasse-clou, réactivé.
Pierre R.
Avant l’électricité il y avait le réverbère à gaz qu’il fallait allumer manuellement chaque jour. Intéressant de voir les réverbères selon les pays. Ceux de Montréal ressemblent un peu à ceux de Nashville. Ceux de Paris sont plus simples.
Je suis passée hier soir admirer les réverbères et me voici de retour… Rien n’a bougé, tout est toujours aussi inspirant…
En soirée, vous trouverez chez moi un petit cadeau d’Armando qui devrait vous plaire, je n’en dis pas plus!
Bonne promenade du jour, Pierre et au plaisir!
Vos réverbères sous toutes leurs formes sont splendides. La nuit, ils nous veillent et sont rassurants.
J’ai trouvé les paroles de cette chanson,
Allumeur de réverbères
Tous les jours, il arrivait
Avant la tombée de la nuit
D’un pas calme, il arpentait
Toutes les rues de la ville
C’était dans les années cinquante
Les enfants jouaient dans la rue
Sans qu’il n’y ait de tourmente
A laquelle personne n’aurait cru
Sa casquette sur les oreilles
Sa veste était bien trop usée
Mais il faisait des merveilles
A nos yeux pas encore blasés
D’un coup de manivelle
Il faisait naître la lumière
En créant une étincelle
Pour allumer les réverbères
Allumeur de réverbères
Qu’y a-t-il de plus beau sur Terre
Que de faire naître la lumière
Là où c’est nécessaire ?
Allumeur de réverbères
Chaque jour, nous attendions
L’arrivée de sa grande carcasse
Sans avoir aucune illusion
Nous rêvions d’être à sa place
Chacun à notre tour
Il nous prenait de ses grandes mains
Nous nous agrippions autour
Du réverbère encore éteint
Il nous donnait sa manivelle
Pour ouvrir le robinet
Et tout au long de la ruelle
La lumière ainsi naissait
Je ne sais trop si cette lumière
Éclairait le monde extérieur
Ou surtout faisait renaître
Une étoile au fond de nos cœurs
Aujourd’hui, toutes les lumières
Jaillissent sans qu’on sache comment
L’allumeur de réverbères
N’existe plus pour les enfants
Ce sont des ordinateurs
Qui décident du jour et de la nuit
Et plus personne n’est porteur
De la lumière qui jaillit
Mais il y a toujours des hommes
Ou des femmes qui nous illuminent
Qui nous transportent au royaume
Des rêves qui nous fascinent
Ces gens qui nous font confiance
Qui nous disent : «Lève-toi !»
Qui nous donnent la puissance
De toujours croire en soi
François-Marie Gérard
Je vous souhaite un bon week-end en compagnie du soleil, je l’espère.
Magnifique sujet sur les reverbères que j’ai traité avec quelques photos e plein jour en me faisant la promesse de le refaire le soir…
J’adore votre reportage et la phrase de Baudelaire.
Pierre,
Puis-je vous suggérer un billet qui répond au vôtre à sa manière?
http://dubleudansmesnuages.com/?p=9023
Les plus beaux réverbères, je les ai trouvé à Barcelone.
Dessinés par Gaudi.
Je vais partir en chasse à Bruxelles. C’est vrai que chez soi, on ne les remarque pas toujours à force de passer à leurs côtés.
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Sans oublier l’Allumeur dans le Petit Prince !
À tout le monde : un sujet si simple que je croyais singulièrement négligé a provoqué autant de belles réactions. Je voudrais vous dire à toutes et à tous toute mon émotion et ma gratitude.
Pat
Beau rappel que ces réverbères à gaz… En existe-t-il encore dans certaines de nos vieilles rues?
Lali
Je ne manque aucun rendez-vous d’Armando. J’y serai fidèlement. Merci.
Denise
Voilà un beau, je dirais même un très beau cadeau. Mille fois merci. Je vais consigner ce beau poème dans mes souvenirs de lecture.
Du Bleu
Je vais obligatoirement me rendre sur votre site pour admirer ces photos prises par un maître de la poésie.
Lali
Merci pour le lien. J’invite tout un chacun à le suivre, ne serait-ce que pour la curiosité et pour souligner le travail d’orfèvre d’Armando.
L’enfoiré
Que ne donnerais-je pour voir ces réverbères signés Gaudi. Donnez vite les résultats de votre quête et revenez nous donner l’adresse de vos trouvailles.
Olivier
Merci. Nous avons les mêmes lectures 😉
Pierre R.
Pingback: Lali » Vous aimez les réverbères?
Lumineux ! 😉
J’arrive de chez Lali …
Belle soirée pour vous Pierre .