
À l'occasion de l'élection du Parti québécois, le 15 novembre 1975, le grand Félix voyait l'aboutissement d'un vieux rêve
Salut, salut les enfants
Que faites-vous dehors
À la barre du jour?
On regarde les arbres
Les nuages, les murs
Monts, plaines et villes
Le pays est à nous
Le pays est à nous
Nous ont dit nos parents
Salut, madame, salut
En pleine nuit dehors
Que faites-vous toute seule?
J’avais un rendez-vous
Il est là, il est venu
C’est une affaire d’amour
Qui commence entre nous
Laissez-nous, laissez-nous
Charnellement à lui
Il me possède enfin
L’amant que j’attendais
Salut, salut grand-père
Deux heures du matin
Et vous ne dormez pas?
J’acclame dans mon coeur
Le géant qui se lève
Si j’avais mes vingt ans
J’irais danser devant
Content je meurs
Éteignez la bougie
Salut, salut professeur
Voyez-vous pas qu’il neige?
Vous êtes tête nue
Oui, chapeau à la main
C’est pour le saluer
Lui offrir mes services
Je le découvre aussi
Pour la première fois
Lui demande pardon
De ne pas l’avoir vu
Avant ce jour présent
J’en suis tout bouleversé
Et vous, théologien
Vous le pianiste aveugle
Vous le voyez aussi?
On le touche, on le palpe, on le sent
Je lui fais une symphonie
Moi qui ne faisais rien
Et le théologien cherche les mots qu’il faut
Mais n’y arrive pas
Ne mettez pas de mots
Laissez tonner de joie
Six millions de poitrines
Six millions de saluts
Sur les deux bords du fleuve
À partir d’aujourd’hui
On bâtit, on bâtit
À partir d’aujourd’hui
On bâtit, on bâtit
À partir d’aujourd’hui
On bâtit, on bâtit
À partir d’aujourd’hui
On bâtit, on bâtit…
Paroles : Félix Leclerc.
Musique : Félix Leclerc et François Dompierre
Trente cinq ans plus tard, après deux référendums, le rêve ne s’est pas encore concrétisé. Il est resté un rêve dans le cœur de beaucoup de québécoises et de québécois. Plusieurs quitteront cette terre sans savoir si le rêve est devenue réalité. Les vieilles générations confieront aux jeunes générations ce rêve, cet espoir fou, de voir un jour le Québec clamer son indépendance. En ce 24 juin 2010, ce simple hommage aux ancêtres qui ont cru, qui ont espéré, qui ont défendu la langue française, mieux que ne l’aurait aucun autre peuple en situation d’espoir dans le monde.

Voici comment j'imagine la maison de mes ancêtres qui m'ont transmis la fierté de parler français en Amérique
Grâce à nos ancêtres, nous pouvons, aujourd’hui, comme le fait si bien notre poète Michel Rivard, chanter le français dans ce qu’il est de plus noble :
C’est une langue de France
Aux accents d’Amérique
Elle déjoue le silence
À grands coups de musique
C’est la langue de mon cœur
Et le cœur de ma vie
Que jamais elle ne meurt
Que jamais on ne l’oublie
Paroles et musique : Michel Rivard