Le 24 juin 1834, Duvernay organise un banquet dans les jardins de l’avocat John McDonnell (futur site de la gare Windsor), afin, entre autres, de concrétiser son projet. Une soixantaine de personnes participent à ce banquet, dont les plus connues, outre les hôtes eux-mêmes, sont le maire de Montréal, Jacques Viger, Louis-Hippolyte Lafontaine, Thomas Brown, Édouard Rodier, George-Étienne Cartier et le Dr Edmund O’Callaghan. Plusieurs toasts sont portés au Parti patriote, aux États-Unis, à l’Irlande et aux Quatre-vingt-douze Résolutions.
« La plus grande gaité régna pendant toute la soirée. Le dîner préparé par Jehlen était splendide. Les tables étaient placées dans le jardin de M. McDonell, avocat, qui avait eu la politesse de l’offrir pour cette fête champêtre. Les lumières suspendues aux arbres, la musique et l’odeur embaumée que répandaient les fleurs, la beauté du site, tout tendait à ajouter aux charmes du spectacle. Cette fête, dont le but est de cimenter l’union entre les Canadiens, ne sera point sans fruit. Elle sera célébrée annuellement comme Fête Nationale, et ne pourra manquer de produire les plus heureux résultats » (Extrait de l’article de Ludger Duvernay « Banquet de St. Jean-Baptiste », paru dans le journal La Minerve, le 26 juin 1834).
C’est en 1887, nous indique le site du Vieux-Montréal que le Canadien Pacifique, juste après avoir complété le premier chemin de fer transcontinental du pays, entreprend de construire la gare Windsor. Sa conception est confiée à l’architecte américain Bruce Price. Celui-ci adopte un style inspiré de l’architecture romane médiévale dont son compatriote Henry Hobson Richardson est devenu le grand maître. Complétée en 1889, la gare Windsor, avec ses arcades en série, ses arcs en pierre et ses contreforts en angle, est considérablement agrandie en 1900-1903 et en 1910-1913 par des architectes canadiens. La firme des frères Edward et William Maxwell s’occupe de la troisième phase, laquelle comprend une tour de quinze étages, en sachant garder à l’ensemble sa superbe unité.
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Comme l’indique Images Montréal, la gare Windsor est le seul grand terminal de train d’Amérique du Nord encore intact. Une des parties célèbres de cette gare est la salle des pas perdus faite sur le long et surmontée d’un toit en voute, percé de fenêtres. Cette gare a failli être démolie dans les années 1970 alors que son propriétaire, le Canadien Pacifique, projetait de la détruire pour y construire des tours à bureaux. Un groupe nommé les Amis de la Gare Windsor avait milité contre sa destruction.
Les plus vieux se souviennent de ces mots prononcés, le soir du 29 janvier 1953, à la gare Windsor par l’archevêque de Montréal, le cardinal Paul-Émile Léger, de retour d’Italie où le pape Pie XII l’avait élevé à la dignité cardinalice : « Montréal, ô ma ville, tu as voulu te faire belle pour recevoir ton pasteur et ton prince! ». Comme le rappelle Radio-Canada, pour recevoir le nouveau cardinal, Montréal décore la gare Windsor de guirlandes de fleurs et d’une banderole de bienvenue. À 19 heures, Radio-Canada apprend le retard du train qui emmène Paul-Émile Léger de New York à Montréal. Une masse impatiente de fidèles se rassemble dans la gare Windsor et au sud du carré Dominion. Pour distraire les gens, de puissants haut-parleurs diffusent des hymnes religieux. Enfin, un peu après 20 h 30, le cardinal arrive à Montréal. À sa descente de wagon, il est ovationné par la foule. Autre temps, autres mœurs! Sauf pour le retard légendaire des trains canadiens.
C’est vrai qu’au rang des monuments industriels étonnants, les gares sont souvent bien placées. L’Enfoiré nous évoquera peut-être celle d’Anvers, assez fantastique aussi ? En tout cas, cs clichés sont splendides. Mais dites-nous Pierre comment avez-vous obtenu qu’il n’y ait personne sur les photos ?.. 😉
Bonjour rv,
Un peu tard pour répondre.
D’Anvers, ou plutôt d’Antwerpen (pour respecter les formes linguistiques), j’en avais parlé avec sa gare dans cet article
Pas de problème, merci pour le voyage ! Vous avez aussi mentionné Mâlines que j’aime beaucoup !
Pierre
Comme vous le savez, je suis toujours fascinée par les anciens clichés, l’histoire d’une ville, d’un pays. C’est vraiment passionnant et vous avez si bien su nous décrire « Windsor, au coeur de Montréal ».
La nouvelle salle des pas perdus est une splendeur et la gare Windsor un petit… que dis je, un gros bijou 😉
Merci Pierre pour le partage de ces merveilles.
Bonne fin de journée!
Une belle leçon d’histoire, merci Pierre!