
Paul Morand, poète et romancier français (1888-1976), diplomate de carrière, écrivain cosmopolite par vocation, fut le chroniqueur brillant et impertinent de l'Europe des années 20. Il écrivait en 1929, à propos des gratte-ciels de New-York : les gratte-ciel sont les tabernacles de la réussite; réussite financière, aussi agréable au Dieu des Puritains qu’une prière. Comme une flèche de cathédrale, ils tendent vers le ciel d’un élan à la fois mystique et économique

Même Jean-Paul Sartre avait un avis sur la question : les buildings sont des ex-votos à la réussite, ils sont derrière la statue de la Liberté, comme les statues d'un homme ou d'une entreprise qui se sont élevés au-dessus des autres (Situations III - 1949)
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Michel Tournier écrivait, dans son roman Les Météores, en 1975 : une vaste cité moderne hérisée d'immeubles en gratte-ciel, ceinturés d'aérotrains et cernés d'autoroutes. Description qui pourrait très bien s'appliquer à Montréal

La charte d'Athènes (1933-1942), réécrite par le Corbusier en 1942, a vivement marqué les esprits par son audace et son avant-gardisme. On dit de cette charte qu'elle était messianique

Il semble bien que les villes ont, dans leur plan d'urbanisme, oublié cette règle de la charte : le dimensionnement de toutes choses dans le dispositif urbain ne peut être régi que par l'échelle humaine

Les clefs de l'urbanisme sont dans les quatre fonctions : habiter, travailler, se recréer (dans les heures libres), circuler (Le Corbusier, Charte d'Athènes)

L'urbanisme est une science à trois dimensions et non pas à deux dimensions. C'est en faisant intervenir l'élément de hauteur que solution sera donnée aux circulations modernes ainsi qu'aux loisirs, par l'exploitation des espaces libres ainsi créés (Le Corbusier, Charte d'Athènes)

Les constructions hautes implantées à grande distance l'une de l'autre, doivent libérer le sol en faveur de larges surfaces vertes (Le Corbusier, Charte d'Athènes)

Nous pourrions reprendre ce regret de Charles Baudelaire sur la transformation de la ville : ... Le vieux Paris n'est plus (la forme d'une ville change plus vite, hélas ! que le coeur d'un mortel )...

Jules Verne avait formulé ce vœu qui fut laissé sans réponse, semble-t-il : Pourquoi ne réunirions-nous pas toutes les forces de notre imagination pour tracer le plan d'une cité modèle sur des données rigoureusement scientifiques ?

S'agissant de Le Corbusier, il écrivait : une ville moderne vit de droite, pratiquement ; construction des immeubles, des égouts, des canalisations, des chaussées, des trottoirs, etc. La circulation exige la droite. La droite est saine aussi à l'âme des villes. La courbe est ruineuse, difficile et dangereuse ; elle paralyse… La rue courbe est le chemin des ânes, la rue droite le chemin des hommes…

Laissons à Lao Tseu le soin de conclure : une maison est percée de portes et de fenêtres, c'est encore le vide qui permet l'usage de la maison. Ainsi « ce qui est » constitue la possibilité de toute chose ; « ce qui n'est pas » constitue sa fonction
Les sources documentaires ont été puisées sur le Portail des urbanistes français et sur le site de Clément-Noël Douady