Voilà les feuilles sans sève
Qui tombent sur le gazon,
Voilà le vent qui s’élève
Et gémit dans le vallon,
Voilà l’errante hirondelle.
Qui rase du bout de l’aile :
L’eau dormante des marais,
Voilà l’enfant des chaumières
Qui glane sur les bruyères
Le bois tombé des forêts.
L’onde n’a plus le murmure ,
Dont elle enchantait les bois ;
Sous des rameaux sans verdure.
Les oiseaux n’ont plus de voix ;
Le soir est près de l’aurore,
L’astre à peine vient d’éclore
Qu’il va terminer son tour,
Il jette par intervalle
Une heure de clarté pâle
Qu’on appelle encore un jour.
Alphonse de Lamartine, Harmonies poétiques et religieuses
La brebis sur les collines
Ne trouve plus le gazon,
Son agneau laisse aux épines
Les débris de sa toison,
La flûte aux accords champêtres
Ne réjouit plus les hêtres
Des airs de joie ou d’amour,
Toute herbe aux champs est glanée :
Ainsi finit une année,
Ainsi finissent nos jours !
C’est la saison où tout tombe
Aux coups redoublés des vents ;
Un vent qui vient de la tombe
Moissonne aussi les vivants :
Ils tombent alors par mille,
Comme la plume inutile
Que l’aigle abandonne aux airs,
Lorsque des plumes nouvelles
Viennent réchauffer ses ailes
A l’approche des hivers.
Ah ! quand les vents de l’automne
Sifflent dans les rameaux morts,
Quand le brin d’herbe frissonne,
Quand le pin rend ses accords,
Quand la cloche des ténèbres
Balance ses glas funèbres,
La nuit, à travers les bois,
A chaque vent qui s’élève,
A chaque flot sur la grève,
Je dis : N’es-tu pas leur voix?
Du moins si leur voix si pure
Est trop vague pour nos sens,
Leur âme en secret murmure
De plus intimes accents ;
Au fond des coeurs qui sommeillent,
Leurs souvenirs qui s’éveillent
Se pressent de tous côtés,
Comme d’arides feuillages
Que rapportent les orages
Au tronc qui les a portés !
Mais toi, Seigneur, tu possèdes
Ta propre immortalité !
Tout le bonheur que tu cèdes
Accroît ta félicité !
Tu dis au soleil d’éclore,
Et le jour ruisselle encore !
Tu dis au temps d’enfanter,
Et l’éternité docile,
Jetant les siècles par mille,
Les répand sans les compter !
Les mondes que tu répares
Devant toi vont rajeunir,
Et jamais tu ne sépares
Le passé de l’avenir ;
Tu vis ! et tu vis ! les âges,
Inégaux pour tes ouvrages,
Sont tous égaux sous ta main ;
Et jamais ta voix ne nomme,
Hélas ! ces trois mots de l’homme :
Hier, aujourd’hui, demain !
Alphonse de Lamartine, Harmonies poétiques et religieuses</span>
Montréal ce sont des arbres – et des parcs, et quels !
avec leur photographe
Bonjour Pierre,
Déjà, félicitations pour vos blogs !! J’y passe très souvent, mais c’est vrais que je ne laisse pas de commentaires. Vos photos sont superbes !!
Aujourd’hui j’étais de sortie moi aussi, au Jardin Botanique pour faire quelques photos. J’y est même croisée un photographe de loin, et vos prises de vues d’aujourd’hui y ressemblent étrangement … Mais sans la neige !! Coïncidence ???
Une dernière petite question: Je ne trouve pas d’adresse e-mail ou vous joindre sur vos blogs ???
Cordialement …
Fanny
oh !!! la pierre en feu ! superbe !
Je ne connaissais pas l’oiseau-caméléon (celui au milieu des feuilles mortes)…
Vraiment superbe
de A à Z !
photos aux couleurs qui réchauffent
et mots toujours plus beaux choisis de Lamartine 🙂
Carrément sublime ! (et cette cloche, incroyable couleur et la texture qu’on voudrait toucher) 🙂
« Eh quoi ! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus ! »
dit Lamartine dans toute sa fougue.
Mais il ne savait pas encore qu’un photographe de talent représenterait un jour ses mots en images 😉
Pierre
La magie de votre promenade n’est que bonheur 😉 Un endroit idéal pour trouver la sérénité. J’aime cet endroit et les teintes de vos photos sont chaleureuses. L’oiseau de la même couleur que les feuilles est magnifique 🙂
Et le titre va si bien à votre billet. Votre reportage est un petit bijou accompagné des mots de Lamartine.
Merci Pierre.
Lamartine, un de mes poètes préférés auquel je revenais souvent dans ma jeunesse. Quel plaisir de relire ces poèmes au fil de vos beaux regards photographiques. Merci, Pierre.