
Dans la poursuite d'une certaine architecture urbaine, je vous propose de découvrir Montréal de lignes en rectilignes

La ville c'est la lumière qui s'ébauche, la lumière qui s'estompe, au gré des heures du jour matinal et crépusculaire

Au sommet des villes les combats des ombres sont souvent ignorés de quiconque n'a les yeux tournés que vers le sol
On assiste dans la ville contemporaine à la « perte du sens» qui n’est ni un hasard, ni une fatalité mais résulte d’une stratégie sur l’espace. Si l’hôtel aristocratique s’oppose à la maison bourgeoise c’est que tous les deux se réfèrent nécessairement à une même forme urbaine en lui attribuant des valeurs opposées. Le sens de la ville est l’enjeu d’une lutte: au XIXe et XX, la bourgeoisie impose ses modèles à tous. Les types du logement bourgeois se construisent sur les ruines de ceux de l’aristocratie, de la paysannerie et du monde ouvrier. De la cité de relogement provisoire à l’immeuble de standing, le modèle de logement imposé est fondamentalement le même. L’opposition typologique est réduite à la marginalité et au bricolage, comme celui des habitants de HLM cherchant à recréer les fragments d’une organisation spatiale conforme à leurs propres modèles pratico-symbolique…L’appropriation des signes distinctifs est la condition nécessaire à la mobilité sociale…Les types d’habitat et la place qu’ils prennent dans l’espace urbain ne sont plus simplement la trace de modes de vie et de conditions d’habitation différentes, ce sont aussi des moyens, des instruments de la promotion sociale, et qui supposent à ce titre de devenir des biens arborés, appropriés et capitalisés en vue non plus seulement de signifier sa position statutaire, mais de la constituer. (la maison fait le moine!)
Extraits de Anthropologie de l’espace de Françoise Paul-Lévy et Marion Segaud (Centre de Création Industrielle – Centre Georges Pompidou)

J'avais ignoré jusqu'à tout récemment les chemins parcourus par ces gratte-ciel dans le paysage urbain

« La forme d’une ville change plus vite, hélas, que le cœur des mortels » , constatait déjà à son époque Baudelaire

Pour s'élever dans sa hiérarchie sociale, l'être humain n'a rien trouvé de mieux que de s'élever dans un gratte-ciel

La grande Marguerite Yourcenar déplorait tout de même le fait que « les villes portent les stigmates des passages du temps, et occasionnellement les promesses d’époques futures »

Visiter une ville pour la première fois crée l'émotion ou l'indifférence. Habiter la même ville depuis des années crée l'habitude et l'oubli

Je laisse au théoricien et historien d'art, Henri Focillon, le mot de la fin : C'est peut-être dans la masse interne que réside l'originalité profonde de l'architecture comme telle. En donnant une forme définie à cet espace creux, elle crée véritablement son univers propre