
J’ai regardé l’oiseau prendre son envol. Était-ce un envol ou un coup d’ailes de colère? Les oiseaux aussi se mettent en colère
Il fait si beau. Soleil radieux. Jour radieux. Heures sombres. Une céphalée. Rien de grave. Médication recommandée : immobilité et silence. Je regarde ces photos. J’envie leur liberté momentanée. Je la retrouverai rapidement. Je n’en doute pas. L’expérience. Un peu de colère de rater ainsi un jour si gracieux. Entre temps, bon dimanche.
Chanson de l’oiseleur
L’oiseau qui vole si doucement
L’oiseau rouge et tiède comme le sang
L’oiseau si tendre l’oiseau moqueur
L’oiseau qui soudain prend peur
L’oiseau qui soudain se cogne
L’oiseau qui voudrait s’enfuir
L’oiseau seul et affolé
L’oiseau qui voudrait vivre
L’oiseau qui voudrait chanter
L’oiseau qui voudrait crier
L’oiseau rouge et tiède comme le sang
L’oiseau qui vole si doucement
C’est ton cœur jolie enfant
Ton cœur qui bat de l’aile si tristement
Contre ton sein si dur si blancJacques Prévert

C’est dans de tels lieux que j’oublie avoir été longtemps, trop peut-être, un homme en colère et un homme de colère

Il y a dans ces cascades l’image d’une vie qui fuit… d’une vie qui se fragmente… d’une vie qui s’échoue… et en même temps, une douceur incommensurable qui montre la fluidité de la nature. Les contraires s’affrontent en ces lieux

Eau vive ou eau de vie… je regarde, j’observe, je m’assois entre deux photos pour me perdre et m’égarer dans ce bouillonnement de vie

Je n’entends pas en ces lieux le silence de la paix intérieure… mais j’y trouve le repos nécessaire pour apaiser les soubresauts de mon âme et de mon esprit

La liberté de s’envoler et de quitter hors de notre corps les affrontements du temps et leurs ravages sur nos vies

Espérer, ne serait-ce qu’un instant, que la bonté est garante de la qualité de la beauté ; que la beauté irradie la bonté et la rend désirable – François Cheng

Il arrive qu’un regard trop intense sur la vie aveugle le sens des mots et rendent ces derniers impuissants à décrire des émotions… je vous laisse votre propre regard de ces lieux si éloignés des grandes humeurs du monde

Je laisse à Albert Camus la conclusion de cette rubrique étrange et décousue : C’est une étrange et insupportable certitude que de savoir que la beauté monumentale suppose toujours une servitude, qu’elle est pourtant la beauté et qu’on ne peut pas ne pas vouloir la beauté et on ne peut vouloir la servitude ; la servitude n’en reste pas moins inacceptable. Peut-être est-ce pour cela que je mets au-dessus de tout la beauté d’un paysage, elle n’est payée d’aucune injustice et mon cœur y est libre