
Êtes-vous une personne heureuse? Cherchez-vous à combler l’impossible dans votre vie quotidienne? Et si Francis Thompson avait raison : Celui qui cueille une fleur dérange une étoile. Y a-t-il un âge pour observer une fleur? Et si une partie du bonheur résidait dans ce plaisir de l’observation et, pourquoi pas, de la photographie?

Je vous fais une confidence. Je compte avec crainte et appréhension les jours du mois de juillet, parce que chaque jour écoulé me rapproche davantage de l’hiver. Comme je ne puis changer le cycle des saisons, je ne peux changer ma condition d’être dans une vie passablement entamée

Chaque jour dans mes rêves inassouvis je voudrais venir regarder ces éphémères qui nous quittent toujours trop tôt

Je me rappelle au temps d’une vie sociale hyperactive et tumultueuse, me serais-je arrêté un seul instant devant une fleur?

Je me rappelle au temps où les conversations étaient légion et sans but précis, j’ignorais ce que pouvait signifier une économie de mots dans un écrin de silence. J’en ai retrouvé le sens un récent après-midi devant celle-ci

Les grands jardins municipaux sont des refuges contre le tumulte urbain. Je les ignorais également il y a quelques années. Que de temps perdu à retrouver

Et je n’oublie pas Chateaubriand dont je mesurais à peine, il y a quelques années, la profondeur : Ces feuilles qui tombent comme nos ans, ces fleurs qui se fanent comme nos heures, ces nuages qui fuient comme nos illusions, cette lumière qui s’affaiblit comme notre intelligence, ce soleil qui se refroidit comme nos amours, ces fleuves qui se glacent comme notre vie, ont des rapports secrets avec nos destinées

Elle est la plus seule entre toutes ses sœurs et je me arrêté un court instant pour la regarder s’épanouir, un temps si court sur lequel je ne peux discourir car il est déjà du passé

Ce monologue auquel je me livre je sais bien qu’il peut être ennuyeux. Voilà pourquoi je préfère l’économie à l’abondance et que je les vois toujours seules et que je les photographie toujours seules

Que ces mots de Jorge Carrera Andrade sont beaux : Langue de solitude, chaque fleur – nie ou affirme avec la voix du vent – et dans l’alchimie brève des odeurs – prépare son fragrant achèvement

Dans ce merveilleux livre autobiographique, Jean-Paul Sartre écrit, dans Les Mots : « Ce n’est pas tout de mourir ; il faut mourir à temps ». N’est-ce pas les Belles de Juillet?