
« S’il se rend compte que l’on continue de s’approcher, il accélère lentement le pas pour finalement partir au petit trot, toujours plus loin. Si on insiste vraiment, il finit pas s’envoler toujours pour se poser quelques centaines de mètres toujours plus bas dans la pente ». C’est en ces termes que Roland Clerc me présente son nouvel invité.

Roland Clerc s’est intéressé au cours d’une de ses nombreuses excursions dans les Alpes suisses au lagopède alpin : « Lorsqu’il a pris confiance dans son camouflage et qu’il reste complètement tranquille, on peut alors s’installer et lui tourner un peu autour à quelques dizaines de mètres bien sûr, pour trouver les meilleurs angles d’éclairage »

Corps trapu, la queue et les pattes courtes et les ailes, petites et arrondies, doigts emplumés (caractéristique unique chez les gallinacés), ce qui lui permet de marcher plus facilement dans la neige, le lagopède passe la majeure partie de son existence au sol, à proximité de la limite des arbres
Des lagopèdes en livrée nuptiale
A 2500 m d’altitude, sur des pentes balayées par les vents, des gloussements, presque inaudibles, s’échappent des éboulis. Où les lagopèdes se cachent-ils ? Entre les roches ? Entre les touffes d’herbes et les bouquets de gentianes ? Ces oiseaux qui vivent en parfaite homochromie avec leur environnement passent le plus souvent inaperçus dans les landes alpines où ils nichent. Les nuances brunes, grises et noires d’un plumage divinement marbré dessinent une mosaïque qui se fond dans le milieu ambiant.
Durant la période des amours qui se déroule pendant la première quinzaine de juin, le coq pousse des cris gutturaux en vue d’attirer l’attention des femelles. La plus ravissante d’entre elles semble répondre aux appels de ce séducteur aux caroncules vermeilles. Un rien farouche, elle se dérobe un court instant aux avances d’un prétendant un peu trop pressé de la rejoindre. Au terme d’un excitant petit jeu amoureux durant lequel celui-ci tente de déjouer les ruses de sa belle, les partenaires se retrouvent enfin pour sceller leur union.
L’éclosion se produit après une couvaison qui oscille entre 22 et 26 jours. Fragiles, les œufs posés à même le sol, courent un grand danger lorsque la femelle quitte le nid pour aller se nourrir. Les corbeaux, les chocards ou l’hermine peuvent détruire la totalité de la couvée. Généreuse, la nature donne parfois une seconde chance aux oiseaux. Une nouvelle ponte peut avoir lieu en juillet. Relique de l’époque glaciaire, cette espèce a développé une remarquable adaptation à la haute montagne pour traverser les siècles et arriver jusqu’à nous. Pour l’aider à subsister, le respect de ses biotopes s’impose.
Daisy Moore

« La période des amours se déroule normalement plutôt dans la première quinzaine de juin avec un couvaison qui dure entre 22 et 26 jours, ce qui donne la période d’éclosion entre le 5 et le 10 juillet. Alors… normalement c’est plutôt une nouvelle nichée que j’aurais du trouver et c’est bien pour cette raison que je suis monté au Lac de Soi », m’écrit Roland. L’exploration se fonde sur une foule de surprises et d’imprévues…

Le lagopède change, au cours d’une seule année, de plumage trois fois plutôt que deux. Son plumage s’adapte selon les saisons, notamment pour les femelles. Il vit surtout dans les régions pierreuses au-delà de la forêt

Comme me l’indique Roland : « En période de couvaison, la poule ne quitte que très rarement son nid, mais il faut bien qu’elle aille un peu se nourrir de temps en temps, durant ces périodes, les œufs courent les plus grands risques. Mais la nature est bien faite, la survie de l’espèce en dépend, si une nichée est détruite, il y a parfois une deuxième ponte. Bien sûr que cette nouvelle ponte est bien plus délicate,si elle va à son terme, les poussins naissent bien plus tard et ils seront forcément moins bien développés pour espérer passer l’hiver »

En été, le plumage est tacheté de noir, brun foncé, gris brun et chamois. La queue est noire. Le mâle a le ventre plus blanc et les caroncules des yeux sont plus rouges que la femelle

Le menu du lagopède se compose se compose surtout de bourgeons et feuilles de saules et bouleaux glanduleux. En été, il se nourrit aussi de feuilles et fleurs de plantes herbacées (dryades, prêles, saxifrages, bleuets), fruits (bleuets et camarine) et graines

En Amérique du Nord on compte trois espèces de lagopèdes. Le lagopède des saules, le lagopède alpin et le lagopède à queue blanche

Le développement des petits se fait très vite. Très malhabiles à la naissance, ils peuvent courir aussi vite qu’une souris au bout de quelques jours et voler au bout d’une semaine. A quelque temps de la naissance, la mère les amène hors du nid pour se nourrir dans les alentours

Le lagopède alpin habite aussi la toundra arctique (du delta du Mackenzie jusqu’au sud de la baie d’Hudson et, dans le Nord-Est, jusqu’au Labrador). Il lui arrive de migrer au sud de la limite de la forêt boréale durant l’hiver. Lorsque vient la période de reproduction, le mâle se met à la recherche de pentes prononcées des terrains secs, rocheux et dénudés de la toundra et des régions alpines.

Roland m’écrit : « lorsque l’on regarde toutes ces images, on ne s’imagine pas que derrière tout ça, il y a tout un monde très complexe et il faut aller souvent dans le terrain pour le comprendre ». Il a bien raison. Et c’est pourquoi je ne peux que le remercier de nous faire partager ses découvertes qui mènent à une meilleure connaissance de nos milieux naturels
Les œuvres sont protégées par le droit d’auteur. Toute reproduction en tout ou en partie nécessite l’autorisation expresse de Roland Clerc et de Daisy Moore.
Ces photos sont tellement belles! Merci à vous deux pour ce magnifique billet! Vous nous faites découvrir de vraies merveilles! Bonne journée!
J’apprends tellement sur votre blog ! Merci à vous et votre ami Roland pour toutes ces beautés.
Roland Clerc professeur d’émerveillement
Je découvre ce blog avec plaisir. J’y reviendrai à coup sûr, les photos sont belles et je ne connais pas du tout la région de Montreal
Ton ami Roland Clerc nous émerveilles à chaque fois, suivre cet oiseau dans les rochers et nous faire participer à sa découverte, c’est très généreux un gros merci à lui.
Et merci à toi aussi de nous l’offrir avec ta prose.
C’est toujours un grand plaisir de voir les magnifiques photos de Roland Clerc et son amour pour la montagne et les animaux.
Ce lagopède est superbe et prend vraiment les couleurs de son environnement. Quelle patience pour photographier cet oiseau de si près et sans bouger. Mais le résultat est très gratifiant.
Merci à Roland de toutes ces beautés et merci à vous Pierre de les partager.
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