
Retour d’un vaste pays. Je retrouve l’errance. L’errance au cœur de ma ville. Tout voyage un peu improvisé est une sorte d’errance hors des lieux qui nous sont si familiers, si habituels

Tout regard posé sur l’horizon porte en lui un peu d’espoir et d’espérance d’éloigner une fin de route

Sur la mer de la vie il y a des ilots et des balises qui nous guident dans une traversée tumultueuse
Au Fleuve de Loire
Regarde, mon Fleuve, aussi
Dedans ces forêts ici,
Qui leurs chevelures vives
Haussent autour de tes rives,
Les faunes aux pieds soudains,
Qui après biches et daims,
Et cerfs aux têtes ramées
Ont leurs forces animées.
Regarde tes Nymphes belles
A ces Demi-dieux rebelles,
Qui à grand’course les suivent,
Et si près d’elles arrivent,
Qu’elles sentent bien souvent
De leurs haleines le vent.Joachim du Bellay (1522 – 1560)

Au coeur de la cité je retrouve l’angoisse des foules, les heures de vieillissement qui tombent plus lourdement sur nos corps frêles. La légèreté c’est sur le fleuve que je la sens le plus

Les grandes épreuves de la vie semblent d’une réelle légèreté sur le fleuve comme ces poids lourds qui résistent au naufrage au milieu de l’océan

Rien n’est toujours beau sur le fleuve. Rien n’est toujours laid sur le fleuve. Et pour peu qu’on veuille en consentir l’effort, le sublime est au rendez-vous sur le fleuve en quelques moments furtifs

Il y a les grandes et les petites légèretés de la vie. Il y a les petites et les grandes épreuves de la vie. Elles varient selon les âges. Elles varient selon le hasard. Et naviguer sur un fleuve, sur une mer, c’est s’ouvrir davantage au hasard

Les départs sont pleins d’espoirs de retour. Les retours sont pleins d’espoir de nouveaux départs. Et la fuite des années rendent toujours plus précaires ces rêves de navigation, nos capacités physiques nous limitant à être plus sédentaire que nomade. Ainsi va la vie

Comme un marin débarqué sur un sol qui lui était jusque là plus étranger que familier, je reviens vers la source des sources pour vérifier si les grands départs accompagnent toujours mes rêves dont je crains qu’ils ne s’assèchent avec l’âge

Je trouverai toujours une balise qui me guidera vers la consolation nécessaire au moment de retrouver une certaine routine

Et celui-là pivotera sur son axe avec une lenteur infinitésimale parce qu’immobilisé au milieu du fleuve

J’aime. J’ai aimé. J’aimerai toujours les voyages. J’aime. J’ai aimé. J’aimerai toujours les départs. J’aime. J’ai aimé. J’aimerai toujours les retours