
Notre ami Roland Clerc nous a habitués, ces derniers mois, à découvrir les Alpes suisses à travers une faune riche et une nature verdoyante ou enneigée

Vous souvenez des paroles que fredonnait, dans le Livre de la jungle, Kaa au jeune Mowgli?
Aie confiance
Aie confiance
Crois en moi
Que je puisse veiller sur toi …
– Attention, on va descendre
Fais un somme
Sans méfiance
Je suis lí
Aie confiance
Le silence propice te berce
Souris et sois complice
Laisse tes sens glisser vers ces délices tentatrices
– Tu dors petit ?
Oui
Aie confiance
Oui crois en moi
que je puisse veiller sur toi

En poursuivant notre quête à travers les sentiers des montagnes suisses, nous pourrions découvrir des bergers transformés en grenouille par suite du sort que leur lança la Titanide Léto, fille de Cœos et de Phoebé

Dans l’histoire du monde, la petite grenouille n’a cessé d’inspirer les poètes. Rappelez-vous Ésope : les grenouilles, fâchées de l’anarchie où elles vivaient, envoyèrent des députés à Zeus, pour le prier de leur donner un roi. Zeus, un peu fâché, leur envoya, non pas un roi mais une hydre qui les prit et les dévora. En d’autres lieux, petites grenouilles voulurent devenir plus grosses que le bœuf
Bain de soleil
La grenouille rousse rayonne : quittant les broussailles, les forêts de feuillus ou les clairières qu’elle affectionne, elle se hasarde en terrain découvert pour profiter des dernières chaleurs et prendre un bain de soleil. Elle ne regagnera sa mare préférée qu’en novembre pour s’enfouir dans la vase jusqu’en février. Bien campée sur une roche envahie de lichens lumineux, elle s’amuse à chiper quelques miettes de l’astre de feu pour embellir sa robe caramélisée. La peau des « Rana temporaria », nom latin de ces jolies rousses, peut être grise ou brune, rouge brique, verte ou jaunâtre et ponctuée de marques sombres. Souvent lisse, leur dos ne porte que de rares verrues. Toutes sont facilement reconnaissables grâce à une large tache foncée qui inclut les tympans et court parfois jusqu’au museau. Le ventre est clair, beaucoup plus coloré chez les femelles que chez les mâles. Pourvus de sacs vocaux internes, ceux-ci émettent, dès les mois d’avril-mai, un chant constitué d’un ronflement sourd imitant le bruit d’un train qui passe au loin !
Daisy Moore

Dans la mythologie égyptienne, les divinités représentées sous la forme de grenouilles sont principalement les dieux masculins membres de l’Ogdoade d’Hermopolis (ensemble formé de huit génies qui ont jailli des flots glacés), les femelles étant représentées sous la forme de serpents. Les dieux Noun, Héhou, Kekou, Amon et Niaou ont adopté la forme de grenouilles lorsque représentés dans l’Ogdoade

Dans les grands livres sur l’interprétation des rêves, nous retrouvons fréquemment les grenouilles et crapauds qui n’ont pas une bonne réputation en raison d’un certain symbolisme maléfique. Dans la Bible, il est même fait mention de « trois esprits impurs comme des grenouilles » (Apocalypse XVI, 13). Et pourtant je les aime bien ces petites bêtes qui égaient si gentiment nos campagnes et nos étangs

Notre safari de découvertes se poursuit sous la conduite de notre ami Roland. Cette fois, il nous réserve une surprise

Quelle drôle de tête! Il fait si sérieux… Je le verrais bien en Topaze de Pagnol : Quand on doit diriger des enfants ou des hommes, il faut de temps en temps commettre une belle injustice, bien nette, bien criante : c’est ça qui leur impose le plus !

En vadrouille dans une maison, le Criquet perd son petit violon dans un grand violoncelle. Grimpant dessus pour apercevoir son violon perdu, il tombe à l’intérieur ! En faisant quelques notes depuis le fond du violoncelle, le Criquet s’aperçoit qu’il réagit et apprécie sa musique en se mettant à danser. Balancé de tous les côtés, l’issue n’est plus très loin (Source : idéesdeparents.com)
Les choristes de l’été
« C’est au mois d’août qu’on fait les fous ! » Telle pourrait être la devise des milliers de criquets qui chantent à tue-tête sur les sols asséchés et dans les pelouses alpines frémissantes sous leur nombre. Ils jaillissent de partout, bondissant dans un milieu où leurs couleurs mimétiques les aident à se protéger des renards, blaireaux, chocards, grands corbeaux et rapaces qui raffolent de cette nourriture protéinée. Deux pelotes de réjection de bondrée apivore trouvées à plus de 2400 m au Vallon de Réchy, étaient entièrement constituées de pattes postérieures de ces insectes !
Ceux-ci se distinguent aisément des sauterelles par leurs antennes plus épaisses et nettement plus courtes. Durant la période de reproduction qui atteint son paroxysme en août, seuls les mâles stridulent devant des femelles muettes d’admiration face à ces concertistes. Les crissements proviennent du frottement de la face interne du fémur de leurs pattes postérieures contre les élytres, ailes antérieures dures et cornées. Parmi les nombreuses espèces qui disposent, chacune, de particularités anatomiques ou musicales, le Criquet à Echelle (Stauroderus scalaris) brun olivâtre est le plus bruyant. Ses tibias postérieurs rouges et les nervures transversales de ses élytres disposées en échelons sont remarquables.
Bien plus discret, le criquet vert fluo des genévriers émet de faibles stridulations bourdonnées, enchaînant craquements et frottements brefs. Friands d’herbes et de végétaux, nos choristes constituent un maillon important des chaînes alimentaires. Les crapauds n’en feront qu’une bouchée avant d’être eux-mêmes engloutis par l’une ou l’autre vipère aspic ou mélanotique, vêtue de sombre pour mieux emmagasiner la chaleur, en altitude. Dès septembre, les concerts s’espacent faute d’artistes, engourdis par un froid mortel. Enrobés de mucus, leurs œufs passent l’hiver sous terre avant d’éclore, au printemps, donnant naissance à une nouvelle génération de chanteurs.
Daisy Moore

Le criquet tient dans le creux de la main mais on l’entend dans toute la prairie (Proverbe sénégalais)

En saluant notre sérieux criquet, je profite de l’occasion pour remercier une nouvelle fois notre tandem suisse, Roland et Daisy, pour cet enrichissement en photos et en mots.
Les œuvres sont protégées par le droit d’auteur. Toute reproduction en tout ou en partie nécessite l’autorisation expresse de Roland Clerc et de Daisy Moore.
Un gros merci à vous deux, c’est un très beau billet, les textes et photos sont magnifiques! Bonne soirée!
il sait trouver et montrer la beauté
Bravo! A poursuivre sans modération!
on ne te cache pas qu’on préfère la grenouille à la vipère !
De l’infiniment grand à l’infiniment petit, le monde reste un géant qui toujours me surprend !
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