
Lorsque mon ami Marcel Asselin m’a proposé ces photos des arbres blessés, j’ai pensé immédiatement à un théâtre de la douleur tant sont impressionnantes les contorsions de ces géants au cœur de l’automne

Donner aux arbres une âme est un exercice périlleux au bout duquel peuvent s’abattre sur le penseur libre les foudres du ciel…
Quand un enfant de femme et d’homme
adresse la parole à un arbre
l’arbre répond
l’enfant entend
Plus tard l’enfant
parle arboriculture
avec ses maitres et ses parentsIl n’entend plus la voix des arbres
il n’entend plus leur chanson dans le vent
pourtant parfois une petite fille
pousse un cri de détresse
dans un square de ciment armé
d’herbe morne et de terre souilléeEst-ce… oh… est-ce
la tristesse d’être abandonnée
qui me fait crier au secours
ou la crainte que vous m’oubliiez
arbre de ma jeunesse
ma jeunesse pour de vraiJacques Prévert – Arbres (extrait)

En m’appuyant sur cette douleur ressentie, je ne procède pourtant d’aucune vision spiritualiste ou idéaliste. Point d’animisme, ici. Je m’interroge simplement

Si l’arbre se nourrit de la Terre, pourquoi ne pourrait-il pas communiquer, dans une forme qui lui est propre, sa détresse?

Vous est-il arrivé de vous attrister parce qu’un arbre centenaire se dirigeait progressivement vers la mort… et que les meurtrissures de son tronc n’inspiraient que désolations?
Les œuvres sont protégées par le droit d’auteur. Toute reproduction en tout ou en partie nécessite l’autorisation expresse de Marcel Asselin.
ai rarement vu nos frères les arbres tant souffrants (beau le poème de Prévert que ne connaissais pas) – et comme souvent la souffrance leur donne une beauté, autre
Que de souffrance dans ces géants blesses, eux qui rendent l’ air plus sains pour nous…
Vos photos sont sublimes. J’aime ce poème de Prévert, il est comme une alerte à la nécessité de garder, pour toujours, notre âme d’enfant.
Photos tellement expressives et je m’interroge…pedndant que je vous écris, les élageurs sont dans mon jardin, chaque branche qui tombe, c’est un peu de vie que l’on coupe…
La blessure cicatrisée, même blessé l’arbre est tellement beau! Ces photos nous prouvent que l’arbre parle, l’arbre envoie son message à qui sait regarder… Merci cher Pierre et cher Marcel pour ce magnifique billet qui nous touche énormément! Bonne journée!
Lorsque je vois un arbre malade, je suis triste, lui qui a tant donné pendant des années et sa chute est inévitable. Il m’est aussi difficile d’entendre un arbre pleurer lorsqu’un bûcheron l’abat.
A vous Pierre et à votre ami Marcel un grand merci pour ce beau billet touchant.
une sacrée belle thématique.
On pense à la sève, sous l’écorce. Il y a quelque chose d’humain dans l’arbre (le corps, le tronc, les branches ou les bras, les racines…). Belles photos de votre ami.
« LA PAIX EST DANS LE BOIS
La paix est dans le bois silencieux et sur
les feuilles en sabre qui coupent l’eau qui coule,
l’eau reflète, comme en un sommeil, l’azur
pur qui se pose à la pointe dorée des mousses.
Je me suis assis au pied d’un chêne noir
et j’ai laissé tomber ma pensée. Une grive
se posait haut. C’était tout. Et la vie,
dans ce silence, était magnifique, tendre et grave.
Pendant que ma chienne et mon chien fixaient une
mouche qui volait et qu’ils auraient voulu happer,
je faisais moins de cas de ma douleur et laissais
la résignation calmer tristement mon âme. »
Françis Jammes
Les arbres qui se meurent, une thématique que j’ai plusieurs fois évoqué tant cela me touche, dans la région où j’habite les haies sont ponctuées de chênes qui se meurent touchés par une maladie venue d’ailleurs… http://t-photographe.over-blog.com/article-les-oublies-du-printemps-103019771.html…
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Ce sont peut-être les stars des forêts magiques d’HP 😉
Aujourd’hui, ils respirent sans « celui dont il ne faut pas prononcer le nom » ^^