
Je m’appelle Joliette. Ce n’est pas moi sur la photo. Mes amies m’avaient surnommé ainsi parce qu’elles me trouvaient toute petite et toute jolie… comme Pérette la joliette

Comme ma petite soeur, j’ai terminé ma vie sur un beau lit… accueillie par un grand arbre éternellement vert

Nous avions, mes sœurs et moi, un plaisir fou à nous balancer au bout des branches des grands arbres

Nous nous réjouissions toutes ensemble d’avoir tant de beaux commentaires, tant d’effets de surprises des enfants et des grands enfants, des oh!, des ah!, des clics des appareils photo braqués sur nous…

Même celles-là, plus petites et si fragiles, n’ont plus d’attrait pour la passante… pour le passant… trop préoccupés par le tumulte de la vie

Il existe encore des artistes qui s’intéressent à nous, petites feuilles éphémères, et qui nous rendent immortelles dans la matière

Il faut que le photographe se sente bien seul pour s’intéresser ainsi à nous, petites feuilles flétries et fanées

Devant les départs il faut garder mine réjouie car il y aura un jour un retour au printemps de la vie

Et pour chaque rayon de soleil qui veillera sur ma vieillesse, je garderai dans mon cœur une place au bonheur

Je suis une petite feuille qui n’est plus très présentable mais je vous reviendrai par un beau jour de printemps et je vous redirai toute la joie d’avoir ainsi capté votre regard, quelques minutes de votre vie