Il y a trois escafilottes
trois escarbeilles
trois escasses
trois escaumes
trois escaupilles
trois esquipots
trois estamentaires
trois éteufs
trois étibois
trois etnettes
trois étresses
trois éventions
soit trente-six trucs
dans la rue de la rue de la rue
qu’on ne parvient pas à nommerRaymond Queneau – Courir les rues, Gallimard
Les ménagères posent leurs filets pleins de maïs
ou de patates douces écoutent
L’une de signe, une autre a les larmes qui perlent
Un livreur s’arrête, pose son vélo contre un acacia
et se met, les yeux fermés, à onduler
comme un cobra
J’ai retrouvé l’air qu’il joue : Perdido street blues
Le chapeau bosselé et crasseux qu’il a posé
devant lui se remplit de dollars
America… !Nicolas Bouvier – Le dehors et le dedans, Éditions Zoe, 1997
Je vois chaque jour, en les dépassant ou
quand elles me dépassent, de nombreuses
personnes uniquement de profil.__________________
Parfois, un dos d’âne inattendu coupe une
phrase en plein milieu.Nathalie Quintane – Remarques – Cheyne éditeur (Collection Grands Fonds) 1997
La maison est un peu vide
Mathieu est parti à Montrouge (avec Yuka) (et Izumi)
Cécile est partie à Villejuif (avec Philippe (et Ferdinand)
(et Capucine)Juliette est parti à Montréal (Québec)
Ils sont partis
c’est d’un calme !
non seulement
« quand l’aurore discrète
rougit dans un ciel pur »
mais encore
à cette «heure tranquille où les lions vont boire »
c’est-à-dire, généralement,
le soirIl y a toute la place pour le zinzin
& pour le « mac »
& pour l’imprimante
& pour le plan-travail
& pour le plan-travail du bureau
avec tous les dossiers, tous les livres
en vue de la Théorie
& de ses développements
putatifsC’est la retraite
Dehors les feuilles
tombentJacques Roubaud – La forme d’une ville change plus vite, hélas, que le cœur des humains, – Gallimard (nrf)
Dès le matin j’ai regardé
J’ai regardé par la fenêtre :
J’ai vu passer des enfants.
Une heure après c’étaient des gens.
Une heure après, des vieillards tremblants.
Comme ils vieillissent vite, pensai-je !
Et moi qui rajeunis à chaque instant !Jean Tardieu – Monsieur, Monsieur, Gallimard
Une vraie rue
Pleine de verrues
Et de verrousPaul Vincensini – Quand même, – St Germain des Prés, – 1976
Source des poèmes : Centre national de documentation pédagogique (CRDP de l’Académie de Montpellier)
C’est tout un plaisir en effet de voir les rues telles que vous nous les faites découvrir! Un gros merci! Bonne soirée toute douce!
glisser dans les rues en regardant les façades en leur variété et en fredonnant Queneau
Toujours cette sensation d’avoir les « vitres » de mes lunettes propres et limpides pour admirer, sous votre regard, vos instantanés…
On éprouvera toujours ce même plaisir à vous suivre dans la rue et quelque soit le temps qu’il fait, les mots si bien trouvés viendront réchauffer le promeneur….
Se promener avec vous, Pierre, dans ces quartiers différents est un vrai plaisir et je m’en mets plein les mirettes. Je lis les beaux textes tout en me promenant dans ce Montréal qui est loin d’être monotone et je découvre.
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Toujours d’aussi beaux billets depuis mon dernier passage ^^
(Les vacances sont parfois trop longues :p )