A mon ami Marcel Asselin qui par sa patience
Qui par son amour pour la Terre et sa science
Qui par son talent qu’il veut si modeste
Qui par ses yeux seuls, sans mots et sans lettres,
Nous donne à voir de cet hiver sa grande noblesse
Nous fait partager, dans une profonde générosité, sa liesse
Pour la nature et pour les arbres et pour les fleurs
Et pour les saisons, et toutes ces heures de bonheurMerci.
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La terre aime ce ciel tranquille, égal pour tous,
Dont la sérénité ne dépend pas de nous,
Et qui mêle à nos vils désastres,
A nos deuils, aux éclats de rires effrontés,
A nos méchancetés, à nos rapidités,
La douceur profonde des astres.Victor Hugo – La Terre – Hymne
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Elle fut le berceau d’Adam et de Japhet,
Et puis elle est leur tombe ; et c’est elle qui fait
Dans Tyr qu’aujourd’hui l’on ignore,
Dans Sparte et Rome en deuil, dans Memphis abattu,
Dans tous les lieux où l’homme a parlé, puis s’est tu,
Chanter la cigale sonore.Victor Hugo – La Terre – Hymne
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Son but, c’est la naissance et ce n’est pas la mort ;
C’est la bouche qui parle et non la dent qui mord ;
Quand la guerre infâme se rue
Creusant dans l’homme un vil sillon de sang baigné,
Farouche, elle détourne un regard indigné
De cette sinistre charrue.Meurtrie, elle demande aux hommes : A quoi sert
Le ravage ? Quel fruit produira le désert ?
Pourquoi tuer la plaine verte ?
Elle ne trouve pas utiles les méchants,
Et pleure la beauté virginale des champs
Déshonorés en pure perte.Victor Hugo – La Terre – Hymne
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Le mal de terre
Ah ! je sens bien que je suis trop profondément enraciné
Pour remonter comme un bouchon de liège sur le saladier
de punch de la ville
Un tel repose par un fond d’herbe
Près d’une eau rouge
En cette fin d’après-midi d’hiver !
Malgré moi malgré l’odeur de lin des maladies
Et l’insomnie
Dans les couloirs moroses de la chair
J’entends frapper
J’entends quelqu’un sous la paroi !
C’est en souvenir de ces oiseaux si faibles qu’ils ne peuvent
me haler
En souvenir d’un arbre seul chargé de baies
Et surtout dans le temps trop court des floraisons
Que je me raconte des choses.René Guy CADOU, Les biens de ce monde, Seghers
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La terre
Je t’aime d’un amour si joyeux et si tendre
Ô toi qui me créas pour exalter le Beau
Que lorsqu’il sera temps d’éteindre le flambeau
Et de choisir la place où doit dormir la cendre
Je dirai seulement : la Terre est mon tombeau.
J’ai laissé de mon cœur dans toutes ses contrées ;
Ici j’aimais les jours, là-bas j’aimais les nuits ;
Et dans mon souvenir, comme au secret d’un puits,
Les faces aux beaux yeux autrefois rencontrées
Se mirent longuement pour tromper mes ennuis.
Des paysages purs rêvent dans ma mémoire
Comme un mirage étrange au sein des brumes d’or ;
Penchez-vous vers mon cœur : vous entendrez encor
Dans ce monde lointain une rumeur de foire
Des bruits de va-et-vient et des sanglots de cor.O.V. de L. MILOSZ, Les Éléments – (André Silvaire)
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très beau mais si étrange qu’inquiétant – un autre monde
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Ces neiges sont un immense champ de porcelaine…
et tu disais que tu n’aimais pas l’hiver !
Oh wow c’est magnifique, textes et photos! Un gros merci à vous deux pour ce merveilleux moment de calme et de sérénité qui fait du bien! Bonne journée toute douce!
C’est absolument féerique et quelle magie de la nature.
Un grand merci à votre ami Marcel Asselin pour ses magnifiques photos et à vous Pierre pour ces textes si bien choisis.
Que Marcel doit être un bon marcheur, pour aller dans de tels lieux de tant de beauté… Et votre choix de ces textes, Pierre, élève nos yeux et nos pensées… si si je confirme… René Guy Cadou… combien j’ai lu de ses textes… Il faudra que je vérifie, mais je crois bien avoir un de ses recueils parmi mes trésors à pages 😉