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Nous sommes dispersés, éloignés, chacun sur son petit continent, avec de petits et grands soucis, et la vie de tous les jours. Pourtant ce n’est plus comme tous les jours, une lumière cherche à se glisser à travers les fils de notre trame, si nous le voulons bien. Que pouvons-nous faire pour hâter son Moment ? Il faudrait tellement que cela aille plus vite. La terre est douloureuse, nos petits sentiments sont si gris et périmés
Bernard Enginger (Satprem) – (1923 – 2007)
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Au moment de prendre la plume, je ne pense jamais à ce que j’ai dit avant. Je cherche à être en accord non pas avec mes précédentes déclaration mais avec la vérité telle qu’elle se présente à moi à un moment donné. Cette attitude m’a permis d’évoluer en vérité et d’épargner à ma mémoire des efforts inutiles. Et qui plus est, chaque fois qu’il m’a fallu comparer ce que ‘j’ai écrit, même il y a plus de cinquante ans, avec mes plus récentes déclarations, je n’y ai pas découvert la moindre contradiction
Gandhi – Tous les hommes sont frères, Gallimard, p. 229, 231 (1869 – 1948)
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L’insaisissable, l’inépuisable, l’insondable de la mort sollicitent en nous un besoin insatiable d’approfondir qui est en quelque sorte notre mauvaise conscience. Nous avons sur la mort l’optique du spectateur, et nous sommes pourtant plongés en elle comme dans un destin exclusif de toute perspective : le centre est partout et la circonférence nulle part. La mort est donc à la fois objective et tragique. Si la conscience était absolument soustraite à la mort, la mort serait un objet naturel d’expérience, un curieux objet, mais un objet, ou un concept pour notre réflexion, un objet entre autres, un concept parmi tant d’autres, un problème comme tous les autres
Vladimir Jankélévitch – La Mort, Champ-Flammarion, p.255-256, 257 (1903 – 1985)
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La solitude, dans le sens d’être souvent isolé des autres, est essentielle à la profondeur de la méditation ou du caractère ; et l’isolement en présence de la beauté et de la splendeur est normalement le berceau des pensées et des aspirations qui sont non seulement bonnes pour l’individu, mais sans lesquelles la société pourrait être défectueuse vis-à-vis des autres sociétés. N’y a il pas beaucoup de satisfaction à contempler le monde sans autre mouvement que l’activité spontanée de la nature ; chaque détérioration de la terre est introduite par la culture, qui est capable de produire la nourriture pour les êtres humains ; chaque prairie fleurie ou pâturage normalement labouré fait disparaître tous les quadrupèdes ou oiseaux qui ne sont pas domestiqués pour l’usage de l’homme en tant qu’il sont ses rivaux pour la nourriture, chaque bordure de haies où l’arbre superflu est déraciné, supprime l’endroit où un arbuste ou une fleur sauvage pourraient se développer sans risquer d’être anéantis, dès lors qu’elle est considérée comme une mauvaise herbe au nom de l’amélioration de l’agriculture.
John Stuart Mill – Les Principes de l’Économie (1806 – 1873)
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Il faut que l’ami soit passé maître dans l’art de deviner et de se taire ; garde-toi de vouloir tout voir. Que ton rêve te révèle ce que fait ton ami qui veille.
Que ta pitié soit divinatrice ; sache d’abord si ton ami souhaite ta pitié. Peut-être aime-t-il en toi l’œil impassible et le regard de l’éternité.
Que ta pitié pour ton ami se dissimule sous une écorce rude ; casse-toi une dent sur cette pitié ; elle aura alors finesse et douceur.
Es-tu pour ton ami air pur et solitude, et pain et remède salutaire ? Plus d’un qui n’a pu libérer ses propres chaînes a su pourtant en libérer son ami.
Es-tu esclave ? Tu ne pourras être ami. Es-tu tyran ? Tu ne pourras avoir d’amis.Frédéric Nietzsche – Ainsi parlait Zarathoustra (1844 – 1900)
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Toutes les idées, maximes, connaissances, habitudes, s’effacent en moi, comme les rides de l’onde, comme les plis dans un nuage. Le zéro est le second nombre de toute équation; mon âme est sans doute une équation vivante, car elle se sent reprendre continuellement la valeur pure de zéro, autrement dit, de l’indifférence et de l’omnipossibilité… Je suis un être virtuel, latent, qui s’est point manifesté
Henri Frédéric Amiel – Journal intime (1821 – 1881)
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Il n’y a ici-bas, à proprement parler, qu’une seule beauté, c’est la beauté du monde. Les autres beautés sont des reflets de celle-là, soit fidèles et purs, soit déformés et souillés, soit même diaboliquement pervertis.
En fait, le monde est beau. Quand nous sommes seuls en pleine nature et disposés à l’attention, quelque chose nous porte à aimer ce qui nous entoure, et qui n’est fait pourtant que de matière brutale, inerte, muette et sourde. Et la beauté nous touche d’autant plus vivement que la nécessité apparaît d’une manière plus manifeste, par exemple dans les plis que la pesanteur imprime aux montagnes ou aux flots de la mer, dans le cours des astres. Dans la mathématique pure aussi, la nécessité resplendit de beauté.
Simone Weil – La Pesanteur et la Grâce (1909-1943)
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merci pour ces mots – merci pour la beauté des photos – me font entrer dans le calme de la nuit
Je regardais justement les bancs lors de ma promenade enneigée, en pensant à vous 🙂 Nous sommes encore loin de jouer à cache cache avec eux :p
Un gros merci pour ces magnifiques pensées d’hiver et superbes photos comme toujours!!! C’est tellement plaisant naviguer sur votre blog et ça fait du bien! Bisou tout doux et bonne soirée!
eh, la première on dirait la fumée blanche du Vatican !
Merci Pierre pour ces textes magnifiques qui accompagnent vos superbes photos. J’aime vos promenades dans les parcs. Le silence fait du bien hors de la ville.
La neige est un manteau qui vous sied au mieux.
par hasard, j’ai lu & regardé…reposant….
Un autre monde… cela m’espante !
Avec un hiver plutôt difficile en France cette année… je compatis pour celui du Québec ^^