Je n’aime pas les maisons neuves :
Leur visage est indifférent ;
Les anciennes ont l’air de veuves
Qui se souviennent en pleurant.Les lézardes de leur vieux plâtre
Semblent les rides d’un vieillard ;
Leurs vitres au reflet verdâtre
Ont comme un triste et bon regard !René-François Sully Prudhomme (1839-1907)
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J’aime les âtres noirs de suie,
D’où l’on entend bruire en l’air
Les hirondelles ou la pluie
Avec le printemps ou l’hiver ;Les escaliers que le pied monte
Par des degrés larges et bas
Dont il connaît si bien le compte,
Les ayant creusés de ses pas ;Le toit dont fléchissent les pentes ;
Le grenier aux ais vermoulus,
Qui fait rêver sous ses charpentes
À des forêts qui ne sont plus.René-François Sully Prudhomme (1839-1907)
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Immobile et laborieuse,
Elle soutient comme autrefois
La race inquiète et rieuse
Qui se fie encore à son bois.Elle ne rompt pas sous la charge,
Bien que déjà ses flancs ouverts
Sentent leur blessure plus large
Et soient tout criblés par les vers ;Par une force qu’on ignore
Rassemblant ses derniers morceaux,
Le chêne au grand cœur tient encore
Sous la cadence des berceaux.René-François Sully Prudhomme (1839-1907)
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Il y a longtemps
Vous me donniez le bras, nous causions seuls tous deux,
Et les coeurs de vingt ans se font signe bien vite ;
J’en suis encore ému, fille blonde aux yeux bleus ;
Mais vous souviendrez-vous de ma courte visite ?Hélas ! se souvient on d’un souffle parasite
Qui n’a fait que passer pour baiser les cheveux,
Du flot où l’on se mire, et de la marguerite
Confidente éphémère où s’effeuillent les voeux ?René-François Sully Prudhomme (1839-1907)
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Le Lever du soleil
Le grand soleil, plongé dans un royal ennui,
Brûle au désert des cieux. Sous les traits qu’en silence
Il disperse et rappelle incessamment à lui,
Le choeur grave et lointain des sphères se balance.
Suspendu dans l’abîme il n’est ni haut ni bas ;
Il ne prend d’aucun feu le feu qu’il communique ;
Son regard ne s’élève et ne s’abaisse pas ;
Mais l’univers se dore à sa jeunesse antique.
René-François Sully Prudhomme (1839-1907)
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suis bien d’accord avec Sully Prud(homme (mais tout de même je ne détesterai pas des fenêtres qui ferment mieux et un chauffage plus sérieux)
à propos de fenêtres, charmantes les bleues
très beau&poétique
je veux faire même chose avec québec
mais je vois que j’ai bcp à apprendre
Et merci pour montréal, ma ville d’origine
Elles sont belles nos vieilles maisons!!! Merci pour ces beaux textes! Bisou et bon mercredi dans la tempête encore et encore…
Wunderschöne Bilder und noch viel Schnee.Wünsche einen schönen Mittwoch.Gruß Gislinde
Votre billet m’enchante et j’admire les superbes bâtisses de Montréal. Quel beau choix de textes de René-François Sully Prudhomme. Magnifique harmonie du tout.
Oh! Maria-Lina écrit que vous avez encore la tempête… cela ne s’arrête donc pas!
Je vous souhaite un bon mercredi, Pierre.
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La pierre est l’essence des maisons. Des vraies !
Toutes ces normes qui s’additionnent à ne plus en finir pour l’écologie, l’énergie, etc… les rendent… comment dire ?…..
Mais comment as-t-il fait pour décrire ma vraie petite maison… ? (premier texte)
Elle qui est née en 1938 (ce fut une joie de découvir cette date gravée sur une poutre basse…).
Depuis, tout de même, les fenêtres ont été rénovées et sont étanches à l’air et au froid…
la dernière image n’est pas une vieille maison mais une jeune pousse !!! c’est ma préférée !!!!