
« Une maison est une machine à habiter » écrivait Le Corbusier. Et si la ville était également une grosse machine parfois inamovible avec sa régulation mécanique et ses entrailles de fer. Derrière les commandes, des humains impuissants qui en acceptent le déraillement

Marguerite Yourcenar avait vu juste lorsqu’elle écrivait : « Les villes portent les stigmates des passages du temps, et occasionnellement les promesses d’époques futures »
« Une loi promulguée en 2003 est ainsi importante pour prendre la mesure du processus de néolibéralisation dans lequel l’État français s’est profondément engagé durant les trente dernières années. Cette loi dite de « sécurité intérieure » crée de nouveaux délits et de nouvelles sanctions pour le racolage, les rassemblements dans les halls d’immeubles, les squatteurs, la mendicité. L’ennemi est ainsi désigné : il s’agit des prostitué(e)s, des mendiants, des sans-abris et des « jeunes de banlieue » (en France, des minorités ethniques), bref, des marginaux, des laissés-pour-compte de la France contemporaine que le politique et le droit font ainsi passer de la catégorie « exclus sociaux » à celle de « délinquants ». A l’époque, cette loi a ainsi été dénoncée à juste titre en France par nombre d’intellectuels, d’associations et de mouvements sociaux comme l’expression du « revanchisme » néolibéral (Smith, 1996) visant à criminaliser la misère, à « punir les pauvres » pour reprendre l’expression de Loïc Wacquant (2004) »
Max Rousseau – La ville comme machine à mobilité
Capitalisme, urbanisme et gouvernement des corps

Parfois la ville est triste et déserte, je m’y retrouve seul. D’autres fois la ville est lumineuse et verdoyante, je m’y retrouve largement entouré

La ville impose son propre décryptage des signes qu’elle impose aux visiteurs – la misère, la pauvreté, l’abandon et une trop grande industrialisation de certains quartiers

Était-ce une prédiction? « La mort de la société présente est inscrite dans la dégénérescence du logis »
Le Corbusier (1887-1965)

La ville est, en certaines doctrines, considérée comme un lieu et un espace de pouvoir. Est-ce une religion résolument urbaine qui gomme les droits de la cité?

Les pavés présents dans une ville ne symbolisent pas toujours la résistance… « Sous les pavés, la plage »

La ville subit les dérégulations et les déséquilibres avec ses départs et ses arrivées. Il est question dans ces cas de déficit migratoire.

Dans une ville, il y a les flux de circulation des travailleurs, il y a les aires d’errances pour chômeurs. Parallélisme qui se rejoint rarement
« (…) les enfants qui habitent avec leur mère seule ont plus fortement tendance que les enfants habitant avec leurs deux parents à avoir « un faible usage » ou un « usage limité » des quartiers observés. Ils sont en particulier beaucoup plus nombreux à ne pas fréquenter ou à fréquenter rarement les parcs et les jardins publics, et beaucoup plus nombreux à ne pas pratiquer d’activités périscolaires hors des établissements scolaires. Parce qu’ils habitent avec un seul parent, et que ce parent est (de ce fait) souvent peu disponible, ces enfants de familles monoparentales rencontrent en effet plus de difficultés à être accompagnés pour aller au parc ou à leurs activités (sportives, artistiques, etc.). De surcroît, leur moindre investissement local s’explique par le double fait qu’une partie de ces enfants ont un deuxième logement et qu’ils sont moins souvent présents dans ces quartiers, en particulier le week-end (qui constitue, par exemple, un moment privilégié pour la fréquentation des parcs). En même temps, parce qu’ils habitent avec un seul parent et un parent souvent peu disponible, ces enfants sont moins encadrés dans leurs usages des quartiers gentrifiés, et effectuent seuls le trajet de leur domicile à l’école plus souvent que les enfants habitant avec leurs deux parents »
Jean-Yves Authier et Sonia Lehman-Frisch – Variations sur un thème : Les manières d’habiter des enfants dans les quartiers gentrifiés à Paris, Londres et San Francisco
la ville devient une série de zones, sans séparation officielle encore, mais de fait oui, et nous la retapons, en chassons les plus pauvres, l’habitons, jouissons de sa beauté, leur permettons (parce que nous sommes soucieux du social, de venir nous voir, à condition de l’oser et de se tenir bien
Oui une sacrée machine déréglée, qui ne fonctionne plus sur le mode humain, mais sur celui de l’austérité comme ils disent si doucettement en ce moment chez nous.
En réalité, il s’agit d’une tempête sociale dans lequel les suicides des chômeurs se multiplient, les expulsions s’accélèrent, la pauvreté étend ses ravages.
Mais la diffusion se débrouille pour ramener l’essentiel à du dérisoire, et l’inacceptable à des banalités coincées entre la météo et le showbizness.
Vivement que les gens retrouvent un peu de cette douceur de vivre dans des villes qui tiennent compte de l’humain.
Bonne journée!
Même si Montréal est une ville un peu machine, elle est une magnifique ville!!! Vos photos sont splendides! Merci pour ce beau partage, bisou et bon mardi tout doux!
J’aime bien le commentaire d’Antigone qui résume à merveille votre billet d’aujourd’hui doublé de vos imparables photos à l’appui. Merci et bonne journée!
Je pense que toutes les villes subissent le même sort. Le gouvernement (chez nous) décide un jour de supprimer tous les bus pour les remplacer par quelques trams. Grand mécontentement des usagers, des travailleurs. On laisse passer quelques mois, puis ILS décident de remettre des bus en fonction. C’est sans compter sur de grands chantiers, de déviations puis augmentation des tarifs des transports en commun. Evidemment, cela coûte très cher et c’est pour le portemonnaie du contribuable. C’est un sujet parmi d’autres…
Ceci dit, merci de votre billet Pierre et belle journée.
Pingback: Bloguer ou ne pas bloguer » Le loup hurlant à la neige