« Penser, c’est dire non. Remarquez que le signe du oui est d’un homme qui s’endort ; au contraire le réveil secoue la tête et dit non. Non à quoi ? Au monde, au tyran, au prêcheur ? Ce n’est que l’apparence. En tous ces cas-là, c’est à elle-même que la pensée dit non. Elle rompt l’heureux acquiescement. Elle se sépare d’elle-même. Elle combat contre elle-même. Il n’y a pas au monde d’autre combat. Ce qui fait que le monde me trompe par ses perspectives, ses brouillards, ses chocs détournés, c’est que je consens, c’est que je ne cherche pas autre chose. Et ce qui fait que le tyran est maître de moi, c’est que je respecte au lieu d’examiner ».
Alain – Propos sur les pouvoirs, « L’homme devant l’apparence », 19 janvier 1924
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« Toutes les idées, maximes, connaissances, habitudes, s’effacent en moi, comme les rides de l’onde, comme les plis dans un nuage. Le zéro est le second nombre de toute équation; mon âme est sans doute une équation vivante, car elle se sent reprendre continuellement la valeur pure de zéro, autrement dit, de l’indifférence et de l’omnipossibilité… Je suis un être virtuel, latent, qui s’est point manifesté ».
« Le zéro, c’est l’infini, c’est Dieu, Brahma est ce gouffre d’où sort et où entre la succession des univers ».
Henri Frédéric Amiel – Journal intime, 19 septembre 1864, 1er septembre 1869 et 13 mai 1872.
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« L’homme qui s’indigne s’afflige d’un bonheur immérité, tandis que l’envieux, allant plus loin, s’afflige du bonheur d’autrui en toutes circonstances, et celui qui est malveillant, loin de s’affliger du malheur d’autrui, va jusqu’à s’en réjouir »
Aristote – Éthique à Nicomaque, II, 7
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« La question « Quelle heure est-il? » ou « Quelle date sommes-nous? » – s’il y avait quelqu’un pour la poser – serait vraiment insignifiante. Le chêne ou l’aigle resteraient perplexes devant une telle question. « Quelle heure? » demanderaient-ils. « Euh, bien entendu, il est… maintenant. Nous sommes maintenant. Existe-t-il autre chose? ». Bien sûr, pour fonctionner en ce monde, nous avons besoin du mental ainsi que du temps. Mais vient un moment où ils prennent le contrôle de notre vie, et c’est alors que s’installent le dysfonctionnement, la souffrance et le chagrin ».
Eckhart Tolle – Le Pouvoir du Moment présent, Ariane. p. 31-32
« Ce qui fait que le monde me trompe par ses perspectives, ses brouillards, ses chocs détournés, c’est que je consens, c’est que je ne cherche pas autre chose. » Alain a raison – et vos photos sont très grises mais belles
Alors il faut chercher autre chose, et opposer à l’immanence grise tout le bleu rendu possible grâce au libre-arbitre.
Nous ne pouvons pas être optimistes sans cesse, c’est un beau mythe auquel la société voudrait nous faire croire dans sa logique toute puissante de productivité capitaliste; il y a des jours sans, c’est le propre de l’humain. Mais il y a aussi le bleu des jours d’après, après avoir dit oui à toutes ces choses simples et jolies auxquelles nous ne prêtons le plus souvent, pas assez d’attention.
Bonne journée Pierre et merci pour les belles images, même teintées en gris!
Le gris est beau selon votre regard (cela nous change du blanc en ce moment) et j’admire que vous ayez mis une citation de Malcolm de Chazal, auteur confidentiel, rare et qui doit le rester.
Tout à fait d’accord avec Dominique! Photos et textes magnifiques! Bisou tout doux et bon mercredi!
Toute une gamme d’émotions parsème vos chroniques.
Aujourd’hui c’est le gris, calme et réfléchi qui me fait attendre sagement l’éclatement soudain d’un rayon de bonheur.
Le gris fait partie aussi de notre vie, il y a des hauts et des bas mais lorsque la clarté revient, profitons-en pleinement.
Vos photos teintées de gris sont très douces et belles. Merci Pierre.
Moi j’aime le gris, bien moins monotone qu’on voudrait le croire, entre gis clair et gris foncé, que de nuances …
Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Nous partagions également le gris du jour, grâce aux flocons de neige et au ciel bas…
Allez je vous fais partager ma lecture du moment et dont je place certaines citations en virgule chez moi :
« La pensée vole et les mots vont à pied. Voilà tout le drame de l’écrivain ». Julien Green (Journal. 4 mai 1943) – Extrait – Perles de la Littérature – Tome 2 – Dominique Jacob – Ed. Horay
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