
Appareillons, capitaine, appareillons. Les larmes de l’hiver, mêlées de frimas, cèderont la place aux rires du printemps, baignés de lumière

Quittons ce port d’hiver pour des cieux nouveaux
Les Sirènes chantaient
Dans les cordages du navire,
Les bras tendus en lyres,
Les seins levés comme des feux ;
Les Sirènes chantaient
Devant le soir houleux,
Qui fauchait sur la mer les lumières diurnes ;
Les Sirènes chantaient,
Le corps serré autour des mâts,
Mais les hommes du port, frustes et taciturnes,
Ne les entendaient pas.
Emile Verhaeren – Automne

Nul cordage ne pourra nous retenir et seule l’évasion nous guidera

Pour de nouveaux rivages rompons les cordages

Il ne faut plus craindre de joindre les ports éloignés après avoir navigué en haute mer

Les chaînes du temps ne seront plus obstacles à nos désirs de départs

Les ancres de la nuit se lèveront aux aurores pour nous mener vers la lumière

Je porte en moi le fleuve et le fleuve me porte vers de nouveaux rêves

L’oiseau mal-aimé ne nous fera pas regretter cette saison mal-aimée qui nous quitte

Le grand oiseau blanc déploie ses ailes pour nous pousser vers un départ

Nos rêves, tels une source, combleront la lourde solitude d’une saison

De toi mon fleuve je me rapprocherai, pour toi, mon fleuve, je patienterai