Quel couchant douloureux nous avons eu ce soir !
Dans les arbres pleurait un vent de désespoir,
Abattant du bois mort dans les feuilles rouillées,
A travers le lacis des branches dépouillées
Dont l’eau-forte sabrait le ciel bleu-clair et froid,
Solitaire et navrant, descendait l’arbre-roi.
Ô Soleil ! l’autre été, magnifique en ta gloire,
Tu sombrais, radieux comme un grand Saint-Ciboire,
Incendiant l’azur ! A présent, nous voyons
Un disque safrane, malade, sans rayons,
Qui meurt à l’horizon balayé de cinabre,
Tout seul, dans un décor poitrinaire et macabre,
Colorant faiblement les nuages frileux
En blanc morne et livide, en verdâtre fielleux.
Vieil or, rose fané, gris de plomb, lilas pâle,
Oh ! c’est fini, fini ! Longuement le vent râle,
Tout est jaune et poussif ; les jours sont révolus,
La Terre a fait son temps ; ses reins n’en peuvent plus.Jules Laforgue (Le sanglot de la terre – 1901)

Point de ce rocher dont parle Voltaire qui…. défend aux aquilons de troubler le repos de notre asile