
Tout récemment il y avait beaucoup d’amour dans le Vallon de Réchy, en Suisse. D’abord s’y trouvait l’observateur amoureux de la nature, Roland Clerc. Puis c’était le temps des amours chez les cerfs du Vallon. Ce que Daisy a poétiquement appelé : les chants d’amour des cervidés

Dans une correspondance, Roland m’écrivait : (en cette période de rut), les grands mâles ont fort à faire pour faire régner l’ordre dans les hardes, les prétendants sont nombreux et les changements de partenaires fréquents

Et en ce début d’observation, la passion était au rendez-vous : Pour l’observation, c’est la période la plus intéressante, les va-et-vient incessants, le brame, les luttes, tout ceci est passionnant à suivre, m’écrivait Roland

Et ces dames sont courtisées par ces messieurs… en cette période des amours. L’amour n’a peut-être de raisonnable que sa folie, disait Rivarol
Chants d’amour des cervidés
La nuit fuit la sauvagerie du décor. Des ombres mouvantes, des sons, sorte de beuglements… La rivière dévale la montagne, rugit, saute en cascatelles, éclabousse ses berges de gouttelettes qui dansent sous les premières lueurs du jour. La rivière rit, heureuse de traverser une forêt qui se transforme, peu à peu, en un théâtre bouillonnant de passion. Assez discrets au début de la période des amours, les cerfs deviennent des prétendants bruyants, surexcités, débordants d’énergie. Concentrés sur un territoire assez réduit, ils ne pourront éviter les luttes pour imposer leur loi.
Pourvu d’une empaumure impériale, un gros mâle se vautre dans une souille. Puissant, impressionnant, extraordinaire ! La langue pendante, les yeux vifs, rougis par l’excitation, les poils collants de boue, il poursuit une biche, l’appelle. Un long chant d’amour passionné, rauque, tonitruant ! Le 16 cors n’est pas le seul en piste. D’autres se veulent séduisants, convaincants. Ce fougueux 10 Cors, ce massif 12 Cors sont bien déterminés, chacun, à se constituer un harem. Des va-et-vient incessants, des marches en parallèle entre rivaux, des manœuvres d’intimidation, des affrontements parfois violents… Les grands mâles se déchargent de leur exaltation en lacérant des troncs, secouant les arbrisseaux, labourant le sol de leurs andouillers. Ces coquines de biches ne sont réceptives qu’un jour par an. Un seul ! Il faut les surveiller, les rappeler à l’ordre, leur lancer des cris saccadés pour les ramener. Elles finiront bien par être envoûtées ! Irrésistible, le parfum très spécial fait de sperme et d’urine dont ils s’aspergent ! Ils gueulent… bientôt, la hiérarchie sera établie, les hardes seront formées et les meilleurs pourront enfin assouvir leur passion en assurant la pérennité de l’espèce.
Daisy Demoor

Avec ce beau temps… comment résister à l’attrait du Vallon de Réchy… m’écrit Roland. Ceci d’autant plus que le ciel était presque tout étoilé vers 21h00, je savais donc déjà à l’avance que le réveil allait sonner tôt !

Roland me fait part des grandes difficultés rencontrées pour capter cette intense activité des amours : j’ai vu énormément de choses mais pour la photographie ce n’était pas les conditions idéales, les cerfs ont rarement été à la bonne distance, parfois trop près et d’autres fois trop loin

Il y avait cinq gros mâles dans le secteur et ils n’ont pas arrêté de se houspiller, ça gueulait fort toute la matinée, m’écrit Roland. (…) Finalement… je me rends compte que les femelles ne sont pas trop fidèles… elles sont assez facilement d’accord de changer de partenaire !

Ces messieurs nous cherchent, semble-t-il. « Pour le mâle, l’objectif du brame est de s’accoupler avec un maximum de femelles. Pour la femelle, le brame identifie la qualité de reproducteur et lui permet de choisir le plus beau mâle de la contrée pour s’accoupler » (Roland Simon – directeur de la réserve de la Haute-Touche – 20min.fr)

Après de sérieux appels à l’ordre, il semblerait qu’un peu de discipline s’est imposé dans le Vallon

Patience et ténacité n’auront pas été vaines. Roland m’écrit : J’ai tout de même ramené une bonne série de photos (…) il y a des scènes d’interaction entre les mâles et les biches, c’est super naturel et très sauvage

En tout bon philosophe qu’il est, Roland tire de cette aventure une expérience qu’il n’hésite pas à partager : J’ai tout de même ramené une bonne série de photos avec des images qui sont cette fois très différentes de ce que j’ai fait ces derniers jours

Il me reste à remercier encore une fois Roland et Daisy pour les photos et les mots. Et je garde un vif souvenir de cet automne d’amour dans le Vallon de Réchy
Pour ceux ou celles qui voudraient découvrir davantage le Vallon de Réchy, un site lui est entièrement consacré
Les œuvres sont protégées par le droit d’auteur. Toute reproduction en tout ou en partie nécessite l’autorisation expresse de Roland Clerc et de Daisy Moore.