
Bonjour mon ami Sam. Jour mi-ensoleillé et temps doux. Profitons toi et moi de cette douceur pour une promenade toute simple
Ville de ciment et d’acier, murailles de verre s’élançant indéfiniment vers le ciel, ville aux dessins incrustés, aux sillons tous pareils, aux drapeaux, étoiles, lueurs rouges, filaments incandescents à l’intérieur des lampes, électricité parcourant les réseaux de fils de laiton en murmurant sa vibration doucereuse. Bruissements des mécanismes secrets cachés dans leurs boîtes, tic-tac des montres, ronronnement des ascenseurs montant, descendant. Halètement des vélomoteurs, cliquetis des soupapes, klaxons, klaxons. Tout ça parlait son langage, racontait son histoire de bielles et de pistons. Les moteurs vivaient, au hasard, enfermés dans les capots des automobiles, dégageant leur odeur d’huile et de carburant. La chaleur les auréolait sans cesse, montait des culasses brûlantes, se répandait dans les rues et se mêlait à la chaleur des hommes. Ville vivante.
J.M.G. Le Clézio, « Ville vivante »
Le livre des fuites, 1969 – Édition Gallimard

Savoir être seul et heureux au cœur de la cité et non plus être au milieu de nulle part et malheureux

Vieillir c’est renaître de ses cendres, tel le phénix de la mythologie, pour revoir la vie autrement

Et Voltaire, en vieux sage, écrivait : « Nos deux yeux ne rendent pas notre condition meilleure ; l’un nous sert à voir les biens, et l’autre les maux de la vie. Bien des gens ont la mauvaise habitude de fermer le premier, et bien peu ferment le second »

Tel dans le Mythe de Sisyphe, « la pensée d’un homme est avant tout sa nostalgie », soulignait Albert Camus

Si les pas sont plus lents, l’esprit reste alerte. Si l’esprit fléchit, le corps triche et se torture à vouloir vaincre la lenteur

Pourquoi silencieuse fut cette promenade? Parce que, comme le constatait Albert Camus, « un homme est plus un homme par les choses qu’il tait que par celles qu’il dit »