
Lorsque mon ami Marcel Asselin m’a proposé ces photos des arbres blessés, j’ai pensé immédiatement à un théâtre de la douleur tant sont impressionnantes les contorsions de ces géants au cœur de l’automne

Donner aux arbres une âme est un exercice périlleux au bout duquel peuvent s’abattre sur le penseur libre les foudres du ciel…
Quand un enfant de femme et d’homme
adresse la parole à un arbre
l’arbre répond
l’enfant entend
Plus tard l’enfant
parle arboriculture
avec ses maitres et ses parentsIl n’entend plus la voix des arbres
il n’entend plus leur chanson dans le vent
pourtant parfois une petite fille
pousse un cri de détresse
dans un square de ciment armé
d’herbe morne et de terre souilléeEst-ce… oh… est-ce
la tristesse d’être abandonnée
qui me fait crier au secours
ou la crainte que vous m’oubliiez
arbre de ma jeunesse
ma jeunesse pour de vraiJacques Prévert – Arbres (extrait)

En m’appuyant sur cette douleur ressentie, je ne procède pourtant d’aucune vision spiritualiste ou idéaliste. Point d’animisme, ici. Je m’interroge simplement

Si l’arbre se nourrit de la Terre, pourquoi ne pourrait-il pas communiquer, dans une forme qui lui est propre, sa détresse?

Vous est-il arrivé de vous attrister parce qu’un arbre centenaire se dirigeait progressivement vers la mort… et que les meurtrissures de son tronc n’inspiraient que désolations?
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