
Randonnée pédestre ou promenade d’observation, je m’éloigne d’une certaine actualité et je m’évade avec, pour seuls bruits de la ville, une musique vivifiante. Aujourd’hui, Monteverdi.

Pour bien mener cette journée, je confie à Monteverdi le soin de guider mes pas dans la douceur de la lumière. Et déjà Pétrarque ouvre, dans le Selva Morale e spirituale, la voie royale par un avertissement sous forme de question : O ciechi il tanto affaticar che giova (O aveugles que vous êtes! À quoi vous sert de vous donner tant de peine, puisque vous retournez tous dans le sein de votre ancienne mère et qu’à peine se souvient-on de vous?)

Et il est toujours touchant de savoir que le Selva Morale, publiée à Venise en 1641, apparaît comme une sorte de testament spirituel. L’œuvre a, en effet, été publiée deux ans avant que ne meure Monteverdi

Ce mercredi sera donc jour sans turbulences. Ainsi en ai-je décidé par de petites actions toutes anodines, comme fuir les actualités et n’écouter que la sagesse et la musique des Anciens

L’amoureux Pétrarque avait, dans son « dolce stil nuovo », cette pensée sur la vie : Combien est épineux le chemin de la vie, et combien alpestre et dure est la montée que l’homme doit parcourir pour arriver à une véritable valeur !

Tout au cours de ma promenade je suis resté fasciné par les ombres et par cette vive lumière qui se montrait crue dans la froidure du jour

Comme l’indique cette devise du Théâtre du Nouveau Monde de Montréal, le monde est un vaste théâtre et nous en sommes les acteurs

Au Musée d’Art contemporain de Montréal, présence de Janet Biggs, connue pour son travail en vidéo, photographie et performance où l’exploration des extrêmes, géographiques comme physiques, est le point d’ancrage

Et cette journée toute en lumière s’est terminée avec Orphée de Monteverdi dont les accents premiers sont une invitation à la volupté :
Je suis la Musique, et par mes doux accents
Je sais apaiser les cœurs tourmentés,
Et enflammer d’amour ou de noble courroux
Même les esprits les plus froids.
M’accompagnant d’une cithare d’or,
J’ai coutume D’enchanter l’oreille des mortels ;
Et, à m’entendre, leur âme aspire
Aux sons harmonieux de la lyre du ciel.